La nouvelle vient de tomber, et elle risque de faire grincer des dents dans la fonction publique. Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, a officiellement confirmé la suppression de la Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat (Gipa). Cette prime, qui permettait jusqu’ici de compenser la stagnation des salaires face à l’inflation, ne sera plus reconduite en 2024. Quelles en sont les raisons, et surtout, quelles conséquences pour les fonctionnaires concernés ? Éclaircissements sur une décision qui fait déjà débat.
Pourquoi la Gipa est-elle supprimée ?
Créée en 2008, la Gipa avait pour but d’aider les agents publics dont les salaires progressaient moins vite que l’inflation. Cependant, cette prime n’était censée être temporaire, et selon Guillaume Kasbarian, sa prolongation n’a jamais été prévue “ad vitam aeternam”. Le ministre, auditionné récemment par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, a d’ailleurs été clair : l’objectif est de réduire les dépenses de fonctionnement de l’État, et cette prime est dans le viseur des coupes budgétaires.
Mais ce n’est pas seulement une question de budget. Selon Kasbarian, la prime bénéficierait de manière disproportionnée aux agents de catégorie A, soit les grades les plus élevés, au détriment des catégories C, représentant les salaires les plus bas. Avec 56 % des bénéficiaires de la Gipa appartenant aux catégories A, le dispositif a, selon lui, perdu de son efficacité initiale et de sa légitimité.
Une suppression en contradiction avec l’attractivité de la fonction publique ?
Les syndicats ne cachent pas leur mécontentement. En pleine inflation, la disparition de la Gipa représente une perte de pouvoir d’achat pour de nombreux fonctionnaires, notamment ceux en fin de carrière ou dont l’évolution salariale est limitée. Alors que le gouvernement affirme vouloir rendre la fonction publique plus attractive, cette décision envoie un signal contradictoire, estiment les représentants syndicaux. Le projet de loi de finances pour 2025 ne prévoit pas de budget pour la Gipa, confirmant que la suppression de cette indemnité est bien décidée.
Ce choix gouvernemental suscite d’autant plus de controverses que les employeurs territoriaux, également concernés par cette prime, n’ont été ni consultés ni informés. Les agents des trois versants de la fonction publique – État, territoriale et hospitalière – seront-ils tous affectés de la même manière ? Le flou persiste, mais la colère monte parmi les syndicats.
Les impacts sur les agents et la suite des réformes
En 2023, environ 267 millions d’euros ont été alloués pour couvrir la Gipa, dont 63,46 millions d’euros pour la fonction publique territoriale. La suppression de cette prime représente donc une économie significative pour l’État, mais elle se fait au prix d’une détérioration du pouvoir d’achat des agents publics. Certains syndicats, comme la CFDT et l’Unsa, continuent de plaider pour le maintien de cette aide en période de forte inflation. Pourtant, malgré les revendications, la publication des décrets de reconduction n’a toujours pas eu lieu, laissant les agents dans l’incertitude pour 2024.
Cette annonce s’inscrit dans une vaste réforme de la fonction publique amorcée par le précédent ministre, Stanislas Guerini, qui visait notamment à introduire la rémunération au mérite et à assouplir les règles de licenciement. Kasbarian a promis de poursuivre cette ambition réformatrice, tout en précisant qu’il laisserait place à la concertation avec les syndicats. Il reste à voir si ces échanges pourront apaiser la tension et clarifier les contours des futures politiques salariales de la fonction publique.
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