Michel Barnier à Matignon : vers une mise en place de jours de carence pour les fonctionnaires ?

Les fonctionnaires pourraient bien être confrontés à un changement majeur dans leurs conditions d’arrêt de travail. Avec l’arrivée de Michel Barnier à Matignon, un débat brûlant ressurgit : l’introduction de jours de carence supplémentaires pour les agents de la fonction publique. Une mesure qui pourrait représenter des économies considérables pour l’État, mais qui fait déjà grincer des dents chez les syndicats.

Un nouveau défi pour Michel Barnier à Matignon

À peine arrivé, Michel Barnier fait face à une première épreuve de taille : la préparation du projet de loi de finances pour 2025. Ce contexte budgétaire tendu, exacerbé par un déficit public qui pourrait atteindre 6,2 % du PIB d’ici l’année prochaine, impose de trouver des solutions drastiques. C’est dans ce cadre que la proposition d’ajouter un ou deux jours de carence supplémentaires pour les fonctionnaires revient sur la table.

L’objectif est simple : faire des économies. Le rapport commandé par Gabriel Attal en février dernier met en lumière un enjeu économique majeur. Actuellement, un seul jour de carence dans la fonction publique permet de dégager 134 millions d’euros d’économies annuelles. Mais en ajoutant un deuxième ou un troisième jour, les économies pourraient atteindre respectivement 174 et 289 millions d’euros par an.

“Le retour du jour de carence a rempli son objectif de réduction des arrêts de courte durée”, affirme le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).

Cependant, ce plan d’austérité suscite des inquiétudes. Pour les syndicats, cette mesure représente bien plus qu’une simple ligne comptable. Elle impacterait profondément le quotidien des fonctionnaires, déjà confrontés à des conditions de travail difficiles.

Une situation financière qui inquiète

Au-delà des économies espérées, cette proposition intervient dans un contexte où la Sécurité sociale tire la sonnette d’alarme. Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam), souligne que le déficit de la branche maladie pourrait être bien plus important que prévu. Avec un système d’indemnisation déjà fragilisé par la hausse généralisée des arrêts maladie depuis le Covid, l’idée de diminuer l’indemnisation pour les fonctionnaires soulève des questions.

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Le rapport de l’IGAS et de l’IGF ne se contente pas de proposer des jours de carence supplémentaires. Il évoque également la possibilité de réduire la rémunération des jours indemnisés, en abaissant le taux de traitement à 90 %, comme c’est déjà le cas dans le secteur privé. Une mesure qui pourrait générer jusqu’à 900 millions d’euros d’économies pour les trois versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière).

“Les fonctionnaires perdent déjà leurs primes dès le premier jour d’arrêt”, rappelle Christian Grolier, secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires-Force ouvrière. “Une baisse supplémentaire de 10 % du traitement représenterait une perte de plus d’un tiers de leur rémunération.”

Des réactions mitigées face à des économies jugées insuffisantes

Les premières réactions des syndicats sont sans équivoque. Pour eux, cette proposition est injuste et méconnait les difficultés du terrain. Ils mettent en avant la fatigue et le manque d’effectifs comme les véritables causes de l’absentéisme, plutôt qu’une tendance à l’abus des arrêts maladie.

Natacha Pommet, secrétaire générale de la CGT Fonction publique, n’hésite pas à dénoncer ce qu’elle qualifie d’“économies de bouts de chandelle”. Pour elle, il est illusoire de penser que l’augmentation des jours de carence permettra de régler les problèmes structurels de la fonction publique. Les fonctionnaires sont déjà soumis à des contraintes de plus en plus fortes, et la réduction de leur indemnisation risque de dégrader encore davantage leurs conditions de travail.

L’avenir nous dira si Michel Barnier et son équipe oseront adopter ces mesures controversées, mais une chose est sûre : les fonctionnaires, quant à eux, se préparent à des mois tendus, entre réformes budgétaires et revendications sociales.

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Vers une réforme plus globale du système d’indemnisation ?

L’enjeu dépasse largement la seule fonction publique. Thomas Fatôme appelle de ses vœux une réflexion plus large sur le système d’indemnisation des arrêts de travail, en vue de le rendre à la fois plus soutenable financièrement et plus équitable pour l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient du public ou du privé. Avec près de 60 % de la hausse des dépenses d’indemnisation attribuées à des facteurs économiques et démographiques, il est urgent, selon lui, de repenser le modèle.

La Caisse nationale d’assurance-maladie prévoit ainsi de cibler près de 1 000 entreprises de plus de 200 salariés afin de mieux comprendre les causes de l’absentéisme. Ces actions, combinées aux propositions pour la fonction publique, montrent à quel point le sujet des arrêts maladie devient une priorité nationale. Et les fonctionnaires, première cible de ces réformes, risquent de se sentir de plus en plus sous pression.

Dans un climat social déjà tendu, la mise en place de ces réformes pourrait bien jouer un rôle décisif dans l’orientation des relations entre le nouveau gouvernement et la fonction publique.

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Consultant indépendant en technologies liées à la construction et l’habitat. Avec +20 ans d’expérience dans le domaine, je suis passionné par l’innovation et l’amélioration des solutions énergétiques durables pour les bâtiments et les maisons. Mon objectif est d’aider mes clients à construire des infrastructures écoénergétiques efficaces pour un avenir plus vert et plus propre.