Le 19 décembre dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a frappé un grand coup en annulant une exigence dévolue aux familles étrangères en France. En effet, l’obligation de justifier l’entrée régulière des enfants pour obtenir des allocations familiales a été déclarée caduque par cette haute cour. Un changement non négligeable qui pourrait marquer un vrai tournant dans l’accès aux prestations sociales en France.
Un renversement de situation venu suite à une affaire de discrimination
À l’origine de ce changement majeur, il y a une affaire qui remonte à 2008. Un citoyen arménien établi en France s’était vu refuser des allocations familiales par la CAF. La raison ? Ses deux enfants, nés hors de France, ne pouvaient pas fournir de justificatifs d’entrée régulière. Après une longue bataille judiciaire, la Cour de cassation a finalement décidé de renvoyer le dossier devant la CJUE. Cette dernière estimant en effet que cette obligation pourrait ne pas être en conformité avec le droit européen.
Après examen, la CJUE a donc tranché : l’exigence imposée par la France n’était pas en accord avec la directive européenne sur le permis unique. Cette directive garantit une équité de traitement entre travailleurs étrangers et citoyens de l’Union européenne. En conséquence, demander que les enfants fournissent une preuve d’entrée régulière représente une condition supplémentaire de nature discriminatoire.
Une simplification administrative majeure pour les familles étrangères
L’arrêt de la CJUE porte un coup fatal à une barrière administrative de taille pour les familles étrangères résidant en France. Jusqu’à lors, l’accès aux allocations familiales était souvent obstrué par des démarches administratives redoutables, en particulier pour l’obtention de justificatifs d’entrée régulière. Avec cette nouvelle décision, les citoyens étrangers en situation régulière devront simplement apporter la preuve de leur résidence légale pour bénéficier des allocations familiales.
Les familles nombreuses et/ou en situation de précarité, qui comptent souvent sur ces allocations pour joindre les deux bouts, seront les premières bénéficiaires de cette mesure. En effet, cette décision garantit un accès plus juste aux prestations sociales, en accord avec les principes européens.
Néanmoins, si cette décision est accueillie avec enthousiasme par les associations de défense des droits des migrants, elle suscite également des critiques. Certains craignent qu’elle ouvre la porte à des abus ou qu’elle alourdisse le poids financier des prestations sociales sur les épaules de l’État français. D’autres estiment pour leur part qu’elle conforte les valeurs fondamentales de l’Union européenne.
Un pas de plus vers l’harmonisation des droits sociaux en Europe
En abolissant cette obligation jugée discriminatoire, la CJUE ne fait pas simplement progresser la cause des familles étrangères en France. Elle s’inscrit aussi dans une démarche plus large visant à harmoniser les droits sociaux au sein de l’Union européenne.
De plus, cette décision, en rappelant l’importance d’un système social inclusif, pourrait inspirer d’autres pays membres de l’Union européenne à réformer leurs propres pratiques à l’avenir. Les effets financiers et sociaux d’un tel changement sont encore à déterminer, mais les impacts sur le principe de l’égalité de traitement sont d’ores et déjà perceptibles.
L’écho de cette décision se fera certainement entendre dans les prochains mois, voire les prochaines années. En attendant, cela permet à chaque citoyen d’aller vers une prise de conscience des évolutions de notre société.
En tant que jeune média indépendant, CESdeFrance a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !