L’annonce est tombée comme un couperet ce vendredi 20 décembre 2024. La Fonderie de Bretagne, emblématique usine de Caudan (Morbihan), voit ses espoirs de reprise s’envoler après l’échec des négociations entre Renault et le fonds d’investissement allemand Private Assets. Une nouvelle qui plonge les 300 salariés dans l’incertitude totale à l’approche des fêtes de fin d’année.
Une usine historique face à l’abandon
Depuis des mois, les discussions s’éternisaient entre Renault, principal client de la Fonderie de Bretagne, et le potentiel repreneur Private Assets. L’objectif : sauver les emplois et maintenir une production locale dans une région déjà marquée par des vagues de licenciements.
Mais Renault, qui détient 15 % du capital, a refusé de s’engager sur des volumes de commandes jusqu’en 2028, un point jugé crucial par Private Assets pour pérenniser l’activité. Ce refus a mis fin à toute possibilité d’accord, scellant ainsi le destin de l’usine.
Pour Maël Le Goff, secrétaire général CGT de la Fonderie, cette décision est vécue comme une véritable trahison. « Renault préfère délocaliser sa production en Turquie, en Espagne et en Roumanie. Ce sont 300 familles qui paient le prix de ce choix cynique. »
Un avenir suspendu au tribunal de commerce
Sans repreneur, l’avenir de la Fonderie de Bretagne repose désormais entre les mains du tribunal de commerce de Rennes. Dès janvier 2025, une procédure de sauvegarde sera ouverte pour tenter de trouver une alternative viable.
Les salariés, habitués à se battre pour leur usine, oscillent entre résignation et colère. « On sait que ce processus va attirer des offres farfelues, des projets bidon. La vérité, c’est qu’on nous abandonne », déplore un salarié, les larmes aux yeux.
De son côté, Jérôme Dupont, directeur de l’usine, reste pessimiste : « L’entreprise, dans son format actuel, ne peut plus exister. Nous avons quelques mois de trésorerie pour assurer les salaires, mais le futur est sombre. »
Une décision qui indigne toute une région
La nouvelle de la fermeture probable de l’usine a provoqué un tollé en Bretagne. Le président de la région, Loïg Chesnais-Girard, parle de « trahison », tandis que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, accuse Renault de se comporter en « patron voyou ».
L’État, actionnaire de Renault, est également pointé du doigt. Malgré une enveloppe de 16 millions d’euros débloquée par les collectivités locales, aucune pression efficace n’a été exercée sur le constructeur automobile.
Dans un contexte où des géants industriels comme Saupiquet ferment également leurs portes, la Bretagne est confrontée à une vague de désindustrialisation sans précédent.
Une mobilisation nécessaire
Alors que les regards se tournent vers le tribunal de commerce, les salariés appellent à une mobilisation régionale pour défendre l’emploi local. « Ce n’est pas seulement notre usine qui ferme, c’est toute une région qui souffre. Il faut se battre pour ne pas laisser le terrain libre à ce genre de pratiques », insiste Maël Le Goff.
Le sort de la Fonderie de Bretagne rappelle cruellement les défis auxquels l’industrie française est confrontée. À Caudan, l’espoir s’effrite, mais la lutte continue. Parce que chaque voix compte pour protéger l’avenir des générations à venir.
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