L’annonce a l’effet d’un coup de tonnerre : Photowatt, la dernière usine française de panneaux solaires, ferme définitivement. Plus qu’une simple faillite, cette fermeture met en lumière les défaillances structurelles et stratégiques de l’industrie solaire française. Comment en est-on arrivé là ? Décryptage d’une débâcle industrielle.
Une gestion plombée par des pertes chroniques
Le site de Bourgoin-Jallieu, racheté par EDF en 2012 sous la pression gouvernementale, a accumulé des pertes abyssales : entre 20 et 30 millions d’euros chaque année. Malgré des décennies de savoir-faire et de développement technologique, Photowatt n’a jamais réussi à atteindre une rentabilité suffisante pour survivre sur un marché ultracompétitif.
La structure de coût de l’usine, combinée à une productivité insuffisante, l’a condamnée à perdre du terrain face à des concurrents étrangers capables de produire à des prix largement inférieurs. Si la volonté de relocaliser une partie de la chaîne de valeur en France était louable, elle n’a jamais été accompagnée des investissements nécessaires pour moderniser les équipements ou pour créer des économies d’échelle.
Une stratégie européenne défaillante face à la Chine
Un des facteurs déterminants de l’échec de Photowatt reste la concurrence féroce des fabricants chinois. La décision de la Commission européenne, au début des années 2010, de supprimer les barrières douanières sur les panneaux solaires a ouvert la porte à un raz-de-marée de produits chinois à bas coût. Si cette décision a bénéficié aux consommateurs en réduisant les prix, elle a laissé les fabricants européens sans défense.
Plus récemment, la stratégie protectionniste des États-Unis, qui a bloqué l’importation de panneaux chinois en 2023, a amplifié le problème. Les volumes destinés au marché américain se sont retrouvés déversés sur l’Europe, provoquant une chute des prix encore plus marquée. Face à ces conditions, Photowatt, déjà fragilisée, n’a tout simplement pas pu résister.
Des erreurs de gouvernance et d’accompagnement
Au-delà des facteurs extérieurs, des erreurs de gouvernance et un manque de vision stratégique ont également contribué à l’échec de Photowatt. EDF Renouvelables, actionnaire unique de l’usine, a semblé naviguer à vue, incapable d’articuler une vision claire pour relancer l’entreprise. Les syndicats eux-mêmes ont exprimé des réserves sur le projet de reprise proposé par la start-up Carbon, pointant des failles dans le plan industriel et des risques financiers.
En parallèle, les politiques publiques, bien que promouvant la transition énergétique, n’ont pas su apporter le soutien ciblé et efficace dont avait besoin une industrie encore fragile. Les subventions et aides ponctuelles n’ont pas suffi à compenser l’absence d’une stratégie industrielle cohérente et proactive.
Une leçon pour l’avenir de l’énergie solaire française
La fermeture de Photowatt est un revers douloureux pour l’énergie et la souveraineté énergétique française, mais elle porte aussi un message d’alerte. Si des projets de méga-usines comme Carbon et Holosolis suscitent de l’espoir, ils ne pourront réussir que si les erreurs du passé ne sont pas répétées. Une meilleure gestion des coûts, des politiques industrielles protectrices et un véritable soutien à l’innovation seront essentiels pour redonner une chance à l’industrie solaire française. En clair, on est mal !
Cette faillite est bien plus qu’un échec isolé : c’est un signal d’urgence pour repenser notre souveraineté énergétique.
Partagez cet article pour que cette faillite ne soit pas oubliée, parce que la transition écologique ne peut pas se construire sur des échecs répétés et causés par des technocrates grassement payés sans obligation de résultats.