Chaque année, des centaines de milliers d’agents contractuels de la fonction publique passent à côté de leur pension complémentaire, sans même en avoir conscience. Une somme qui leur revient pourtant de droit, mais qui reste bloquée faute de demande. Une situation aberrante qui soulève une question simple : pourquoi tant d’oubliés ?
Un manque d’information qui prive des agents publics de leur pension
L’Ircantec, l’organisme chargé de la retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités, fait face à un constat préoccupant : près de 437 000 personnes n’ont jamais réclamé leur dû. Cela représente 28 % des affiliés concernés, un taux de non-recours bien supérieur à celui d’autres régimes de retraite.
La raison principale ? Un déficit d’information. De nombreux agents ne savent tout simplement pas qu’ils ont cotisé à une retraite complémentaire et qu’ils peuvent en bénéficier. Pire encore, certains découvrent l’existence de ces droits des années après leur départ à la retraite, lorsque les délais sont parfois trop courts pour régulariser la situation. Cette méconnaissance est particulièrement marquée chez ceux qui ont occupé des contrats courts ou qui ont cessé de cotiser avant 30 ans.
À cela s’ajoute un autre frein majeur : le montant de la pension complémentaire. En moyenne, les pensions non réclamées s’élèvent à 230 euros brut par an, soit à peine 20 euros par mois. Un chiffre qui peut sembler dérisoire, au point que certains renoncent à faire la démarche administrative. Pourtant, accumulées sur plusieurs années, ces sommes représentent un manque à gagner non négligeable, d’autant plus dans un contexte de pouvoir d’achat sous tension.
Des démarches simplifiées, mais un non-recours qui persiste
Face à l’ampleur du phénomène, des mesures ont été prises pour encourager les agents contractuels à réclamer leur pension complémentaire. Depuis 2019, une demande unique permet de récupérer en même temps la retraite de base et la complémentaire, rendant la procédure plus accessible. L’Union Retraite a également renforcé ses campagnes d’information en envoyant 70 000 courriers ciblés entre 2022 et 2024. Résultat : plus d’un quart des destinataires ont réagi, et ce chiffre continue d’augmenter.
Malgré ces efforts, 1,15 million de pensions complémentaires restent en attente de demande en 2024. Le défi reste immense : toucher les retraités qui ignorent encore leur éligibilité et convaincre ceux qui hésitent à franchir le pas. Car au-delà des montants individuels, c’est un enjeu global qui se joue. Chaque euro laissé de côté contribue à un système où des agents ayant servi l’État se retrouvent privés d’un complément financier auquel ils ont droit.
Les fonctionnaires titulaires ne sont pas concernés par cette problématique, mais pour les contractuels, l’enjeu est de taille. L’avenir dira si la simplification des démarches et l’amélioration de la communication suffiront à réduire ce taux de non-recours, ou si des actions plus incisives seront nécessaires. En attendant, une chose est sûre : il est temps de vérifier ses droits et de ne plus laisser filer son argent.
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