Les fermetures d’écoles dues au COVID-19 ont entraîné des perturbations importantes dans l’enseignement à travers l’Europe.
Les premières études exploratoires indiquent que la pandémie entraîne des pertes d’apprentissage et une augmentation des inégalités. Pour réduire et inverser les effets négatifs à long terme, les pays ayant un PIB élevé mais aussi ceux ayant un revenu moyen inférieur, qui risquent d’être encore plus durement touchés, doivent mettre en œuvre des programmes de récupération de l’apprentissage, protéger les budgets de l’éducation et se préparer aux conséquences des confinements successifs.
L’Europe ferait-elle face à une crise de l’apprentissage ?
Près de 185 millions d’élèves touchés en Europe (et en Asie centrale)
Au plus fort de la pandémie, 45 pays d’Europe et Asie centrale ont fermé leurs écoles, affectant 185 millions d’élèves. Compte tenu de la soudaineté de la situation, les enseignants et les administrations n’étaient pas préparés à cette transition et ont été contraints de mettre en place des systèmes d’apprentissage à distance d’urgence presque immédiatement.
L’une des limites de l’apprentissage à distance d’urgence est l’absence d’interaction personnelle entre l’enseignant et l’élève. Cependant, plusieurs pays ont fait preuve d’initiative en utilisant d’autres méthodes pour améliorer l’expérience d’enseignement à distance, notamment les médias sociaux, le courrier électronique, le téléphone et même la poste traditionnelle.
De nombreux pays comme la France ont mis en œuvre des mesures visant à soutenir l’enseignement et l’apprentissage à distance, en commençant par la diffusion de leçons vidéo à la télévision et l’utilisation de plateformes d’apprentissage à distance en ligne (pensons à l’initiative Lumni ou au site pédagogique JeRetiens).
En Ukraine, des organisations ont soutenu des initiatives de développement professionnel en ligne et d’apprentissage entre pairs pour que les enseignants puissent se rencontrer à distance et partager leurs expériences en matière d’apprentissage en ligne pendant la crise du COVID-19.
Nombreuses de ces initiatives ont bénéficié d’une collaboration avec l’UNICEF, afin d’informer les enseignants, les administrateurs, les élèves et les parents sur les directives pour un apprentissage sûr et durable dans le cadre de COVID-19 au cours de l’année scolaire 2020-21.
Des inégalités se creusent
Malgré tous les efforts déployés pour mettre en place une expérience d’apprentissage à distance favorable, les études liminaires (PISA, Unicef, UCL pour ne citer qu’elles) ont montré que les fermetures d’écoles ont entraîné des pertes réelles d’apprentissage. La recherche analysant ces résultats est en cours, mais les premiers résultats de la Belgique, des Pays-Bas, de la Suisse et du Royaume-Uni indiquent à la fois des retards d’apprentissage et une augmentation des inégalités entre les élèves. Constat est fait que ces pertes sont plus importantes chez les élèves dont les parents sont moins instruits, une conclusion renforcée par une étude montrant que les enfants issus de familles socioéconomiquement favorisées ont bénéficié d’un plus grand soutien parental pour leurs études pendant la période de fermeture des écoles ou du recours à des professeurs particuliers.
Ces nouvelles données, qui donnent un aperçu des pays à PIB élevé, peuvent également être utilisées pour prévoir les résultats dans les pays au PIB d’intermédiaire à faible. Malgré leur importante capacité technologique, même les pays européens riches ont connu des pertes d’apprentissage et une augmentation des inégalités à la suite de la transition brutale vers l’apprentissage virtuel. Ces résultats risquent d’être encore plus marqués dans les pays à revenu moyen ou faible, comme les Balkans ou encore l’Europe Centrale et de l’Est, où les capacités technologiques sont bien moindres et où une part plus importante des familles vit sous le seuil de pauvreté.
En dehors de la salle de classe, les retards d’apprentissage peuvent se traduire par des problèmes à long terme encore plus importants ainsi que des problèmes d’ordre socio-émotionnel. On sait depuis longtemps que la baisse des résultats aux examens est associée à une difficulté future à trouver un emploi. À l’inverse, l’amélioration des résultats des élèves entraîne une augmentation significative des revenus futurs, tout comme les années supplémentaires de scolarité, qui sont associées à un gain de 8 à 9 % des revenus de toute une vie. En l’absence de toute intervention, les retards d’apprentissage résultant de la pandémie de COVID-19 sont susceptibles d’avoir un effet négatif cumulatif à long terme sur le bien-être futur de nombreux enfants. Ces retards d’apprentissage pourraient se traduire par un accès plus limité à l’enseignement supérieur, une participation plus faible au marché du travail et une baisse des revenus futurs.
Faire face
Les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les systèmes éducatifs auront un impact négatif à court et à long terme. Les gains économiques risquent de s’essouffler, la croissance du capital humain de diminuer ou de s’arrêter et les écarts actuels en matière d’équité d’apprentissage de se creuser.
Les études liminaires sur l’éducation ont montré comment l’impact macroéconomique d’une pandémie affecte aussi les individus sur le plan social. Elles permettent d’ouvrir le dialogue et la réflexion sur l’impact social du coronavirus.
Pour atténuer ces difficultés tout en construisant un système éducatif et social plus résilient capable de résister aux crises futures, trois réflexions sont essentielles à penser et à appliquer : la mise en œuvre des programmes de reprise de l’apprentissage ; la protection des budgets de l’éducation ; et la préparation ou anticipation des crises futures.
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