Les ventes de passoires thermiques explosent à Lyon : la vérité sur ces biens qui se vendent à prix d’or

Loin d’être boudées, les passoires thermiques se vendent à un rythme surprenant sur le marché immobilier lyonnais. Malgré les nouvelles réglementations et la hausse des coûts énergétiques, ces logements classés F et G trouvent preneurs, parfois plus vite que des biens mieux notés en DPE. Pourquoi ces biens énergivores attirent-ils autant d’acheteurs ? Qui sont ces acquéreurs prêts à miser sur des logements à rénover ? Décryptage d’un phénomène qui défie toutes les prévisions.

Des ventes qui défient la logique du marché

L’étude de Casavo sur le marché immobilier lyonnais en 2024 révèle un constat inattendu : les passoires thermiques ne freinent pas les transactions. Les logements classés F et G, supposés être pénalisés par leur faible performance énergétique, affichent des taux de conversion élevés, voire supérieurs à certains biens mieux classés.

À Lyon, 16 % des ventes concernent des biens notés F, avec un taux de conversion de 35,9 %. Plus étonnant encore, les logements classés G, qui ne représentent que 1 % des mandats, trouvent systématiquement preneur avec un taux de conversion de 100 %. Ce dynamisme s’explique en partie par la rareté de l’offre et par une demande persistante, notamment dans les secteurs bien situés où l’immobilier reste une valeur refuge.

La décote sur ces logements est bien réelle, mais reste contenue. Les biens classés G s’échangent à un prix moyen de 3 068 €/m², soit une baisse de seulement 9 % par rapport à leur mise en vente initiale. Une correction modérée qui n’effraie pas les acheteurs prêts à financer l’achat d’une passoire thermique avec un crédit immobilier, misant sur une valorisation post-rénovation énergétique.

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Évolution du prix des appartements à Lyon
Évolution du prix des appartements à Lyon (source : Meilleurs Agents)
Évolution du prix des maisons à Lyon
Évolution du prix des maisons à Lyon (source : Meilleurs Agents)

Pourquoi les acheteurs se ruent sur les passoires thermiques ?

L’attrait pour ces logements énergivores repose sur plusieurs facteurs. D’abord, leur prix d’achat inférieur aux biens mieux classés permet d’accéder à des quartiers prisés à moindre coût. Dans un marché où la demande reste forte et l’offre limitée, certains acheteurs acceptent de composer avec une rénovation énergétique future pour profiter d’un bien mieux situé.

Ensuite, les investisseurs jouent un rôle clé dans cette dynamique. La perspective d’une plus-value après travaux séduit ceux qui savent optimiser les aides disponibles. En 2024, plusieurs dispositifs, dont MaPrimeRénov’ et l’éco-prêt à taux zéro, rendent la rénovation de ces logements plus abordable. Résultat : de nombreux acquéreurs préfèrent investir dans une passoire thermique, y voir un potentiel de revalorisation et anticiper un marché où les biens rénovés prendront encore plus de valeur.

Enfin, les délais de vente relativement compétitifs des passoires thermiques montrent qu’elles restent attractives dans certains contextes. À Lyon, des quartiers recherchés comme la Presqu’île ou la Croix-Rousse voient même ces biens partir rapidement, prouvant que l’emplacement prime encore sur la performance énergétique.

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Vers un changement de perception sur les logements énergivores ?

Le marché lyonnais illustre un basculement dans la perception des passoires thermiques. Plutôt que d’être perçus comme des biens dévalorisés, ces logements sont envisagés comme des opportunités. Loin d’être un frein absolu à la transaction, un mauvais DPE devient une variable de négociation qui permet aux acheteurs d’ajuster leur budget en intégrant les travaux nécessaires.

Cette tendance pourrait se renforcer avec la montée des préoccupations environnementales et la volonté des pouvoirs publics d’encourager la rénovation énergétique. Si les passoires thermiques bénéficient aujourd’hui d’un engouement inattendu, leur attractivité dépendra de l’évolution des réglementations et des aides disponibles dans les années à venir. Pour l’instant, à Lyon, elles continuent de se vendre… et parfois même à prix d’or.

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