« J’ai voulu changer de fournisseur pour faire des économies, et on m’a demandé 500 euros cash. Avant même que le compteur tourne, j’ai halluciné ! » Ce témoignage, comme des centaines d’autres, illustre une réalité de plus en plus fréquente dans le secteur de l’énergie. En 2024, face à la flambée des impayés, de nombreux fournisseurs imposent un dépôt de garantie exorbitant à certains nouveaux clients. Une pratique qui choque, divise, et soulève une question brûlante : est-ce encore acceptable de payer si cher… sans consommer un seul kilowatt ?
Une réponse brutale à une crise silencieuse
Les impayés explosent. Le chiffre donne le vertige : 1,2 million d’interventions liées à des factures non réglées en 2024, soit une hausse de 24 % en un an. Depuis 2019, la progression dépasse les 85 %. Derrière ces statistiques, ce sont des milliers de ménages qui basculent dans la précarité énergétique. Les fournisseurs, eux, ne veulent plus subir.
Face à ces risques croissants, la parade est simple : exiger un dépôt de garantie à la signature du contrat. Jusqu’à 600 € dans certains cas. Ce montant, censé couvrir deux mois de consommation hivernale, est réclamé d’emblée, avant même que le client ait consommé une seule goutte d’électricité ou de gaz. Pour beaucoup, cette somme représente un mur infranchissable.
Cette pratique, jadis marginale, s’est banalisée. Elle ne concerne plus uniquement les profils à risque : des clients ordinaires, avec un historique de paiement sans tache, se voient eux aussi réclamer ce chèque de sécurité. Une dérive ? C’est ce que dénoncent de plus en plus de consommateurs.
Qui paie vraiment le prix fort ?
Le flou est total sur les critères appliqués. Officiellement, le dépôt de garantie cible les personnes ayant déjà eu des incidents de paiement ou inscrites dans un registre dédié aux mauvais payeurs. En réalité, ce sont aussi les clients qui présentent un profil jugé « atypique » qui sont visés : ceux qui utilisent des comptes prépayés, des banques en ligne ou qui refusent de fournir certains justificatifs bancaires.
Dans certains cas, le simple fait de présenter un RIB d’une banque étrangère ou de ne pas pouvoir fournir un chèque à son nom suffit à enclencher l’exigence du dépôt. Et quand bien même le contrat est honoré sans incident, le remboursement n’est pas toujours automatique. Il faut parfois réclamer, insister, relancer. Résultat : une pression financière immédiate pour les ménages déjà fragilisés.
Ce qui dérange profondément, ce n’est pas tant le principe du dépôt que son application arbitraire. Quand un client paie rubis sur l’ongle depuis dix ans et se voit tout à coup imposer 500 €, il y a de quoi se sentir puni sans raison. Et les CGV, rarement lues, contiennent souvent cette clause floue qui permet aux fournisseurs d’imposer cette charge sans explication claire.
Le vrai débat : jusqu’où peuvent aller les fournisseurs ?
La question n’est plus seulement économique, elle devient juridique. Le Médiateur national de l’énergie tire la sonnette d’alarme depuis des mois. Dans plusieurs affaires récentes, il a pointé du doigt des pratiques jugées « abusives » : des dépôts demandés en cours de contrat, des montants disproportionnés, voire des menaces de résiliation en cas de refus.
La loi n’encadre pas strictement ces dépôts, ce qui laisse une marge de manœuvre inquiétante aux fournisseurs. Ce vide réglementaire permet aujourd’hui à certains d’imposer des conditions que ni l’État, ni les consommateurs, ne peuvent vraiment contester. Et quand un fournisseur conditionne le rétablissement d’un contrat au versement immédiat de plusieurs centaines d’euros, le rapport de force est déséquilibré.
Il est urgent d’ouvrir un débat de fond sur ces pratiques. Car au-delà des chiffres, c’est la confiance entre consommateurs et fournisseurs qui s’effrite. Et le risque est réel : si l’énergie devient un produit réservé à ceux qui peuvent avancer plusieurs centaines d’euros, c’est toute la notion de service public qui vacille.
Et vous, avez-vous déjà été confronté à une demande de dépôt de garantie pour votre contrat d’énergie ? Que pensez-vous de cette pratique de plus en plus courante ? Réagissez en commentaire, partagez vos expériences et faites circuler l’info 👇
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