Les professionnels de l’immobilier tirent la sonnette d’alarme. Face à une crise du logement qui s’aggrave de jour en jour, ils pressent le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, de prendre des mesures urgentes pour sauver le secteur. Derrière ce cri d’alerte se cache une réalité complexe : des logements neufs en baisse, des investissements en chute libre, et un marché en manque de vitalité. Que peuvent attendre les investisseurs et les acteurs de l’immobilier de ce nouveau gouvernement ?
Crise du logement : l’immobilier demande une mobilisation immédiate
La crise du logement qui sévit en France ne fait que s’aggraver, affectant à la fois les ménages et les investisseurs. Dans ce contexte, l’arrivée de Michel Barnier à Matignon est perçue par les professionnels de l’immobilier comme une ultime chance de redresser la barre.
Selon Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), la situation devient critique : « Ça fait trois ans qu’on tire la sonnette d’alarme, il est temps que la France se réveille et que Michel Barnier prenne des mesures immédiates ». Les chiffres sont alarmants : au deuxième trimestre 2024, les réservations de logements neufs ont chuté de 8,3 % par rapport à l’année précédente, tandis que les permis de construire délivrés par les collectivités locales ont reculé de 15,1 %. Ces données illustrent un marché en perte de vitesse, une situation qui ne fait qu’accroître les difficultés des Français à se loger.
Face à cette situation, les acteurs du secteur appellent à une mobilisation générale. La FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) demande au nouveau gouvernement de faire du logement une priorité. « Le logement doit redevenir une priorité nationale », affirme Loïc Cantin, président de la FNAIM, en insistant sur la nécessité de réformes structurantes pour relancer le marché, aussi bien dans le neuf que dans l’ancien, le social ou le privé. Ce cri d’alarme se fait entendre dans toutes les sphères du secteur immobilier.
Le poids des règles financières et l’espoir d’une réforme
Au-delà de la crise de l’offre et de la demande, c’est aussi du côté des règles financières que les attentes sont fortes. Le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) est dans le viseur des professionnels de l’immobilier depuis plusieurs années. Ses règles strictes d’octroi de crédits limitent l’accès au financement, et ce frein pèse lourdement sur la relance du marché. Pour Jean-Paul Serrato, président de la CNCEF Immobilier, l’assouplissement des critères d’emprunt, notamment la prise en compte du reste à vivre, pourrait inciter au retour des investisseurs privés sur le marché immobilier.
La CNCEF demande à Michel Barnier de ne plus tergiverser et d’agir sans attendre. Le message est clair : la confiance des investisseurs est ébranlée, et le gouvernement doit la restaurer pour redonner vie au marché. « Il en va de la vitalité du secteur immobilier », martèle Côme Robet, président de CNCEF Crédit. Les professionnels insistent sur l’urgence de revoir les dispositifs fiscaux qui encouragent l’investissement, comme le Pinel, afin d’éviter une situation de pénurie dans les années à venir.
L’enjeu des investissements et de la relance du marché
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au deuxième trimestre 2024, les mises en vente de logements neufs ont chuté de 42,4 %, un niveau historiquement bas. Cette chute des mises en vente annonce une pénurie de logements pour les années à venir, car l’offre ne pourra plus suivre une éventuelle reprise de la demande. « Quand la demande va repartir, et elle repartira, il n’y aura plus d’offre suffisante », prévient Pascal Boulanger. Les professionnels du secteur craignent une crise auto-entretenue : la baisse de la construction entraînera inévitablement une hausse des prix, rendant l’accès au logement encore plus difficile.
Par ailleurs, les coûts de construction continuent d’augmenter sous l’effet de l’inflation et du durcissement des réglementations environnementales, ce qui complique encore la tâche des promoteurs. La FPI milite pour le maintien, voire le renforcement du dispositif Pinel, qui permet aux investisseurs immobiliers de bénéficier d’avantages fiscaux en échange de la location de logements neufs. Cependant, la Cour des comptes critique ce dispositif, le jugeant inefficace. Cette divergence met en lumière les tensions entre les besoins du marché et les priorités budgétaires du gouvernement.
Un nouveau souffle pour l’immobilier sous Michel Barnier ?
L’arrivée de Michel Barnier au poste de Premier ministre est porteuse d’espoir, mais les attentes sont énormes. Homme de terrain, habitué des grandes négociations, il a désormais la lourde tâche de redresser un secteur en pleine tourmente. Les professionnels attendent de lui des actions rapides et concrètes. Un ministère dédié au logement, une réforme des règles financières et une relance massive de la construction figurent parmi les principales revendications.
Les experts du secteur, comme Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers, rappellent que les élus locaux doivent être consultés en priorité pour mieux comprendre les besoins des territoires. Dans une économie en quête de solutions durables, le logement doit redevenir une priorité absolue.
Pour de nombreux investisseurs, ce contexte représente aussi une opportunité. En période de crise, le secteur immobilier reste un refuge, notamment grâce à la stabilité des rendements locatifs. La relance du marché pourrait offrir de nouvelles opportunités d’investissement, pour peu que le gouvernement s’attaque aux problèmes de fond.
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