C’est terminé pour le Livret A : «Il était temps d’ouvrir les yeux», la baisse des taux fait fuir les épargnants au profit de rendements beaucoup plus rémunérateurs

Le Livret A n’est plus intouchable. Les Français, longtemps fidèles à ce produit d’épargne réglementée, le désertent en masse depuis que son taux a plongé à 1,7%. En coulisses, les assureurs se frottent les mains, tandis que les chiffres confirment une bascule nette vers des placements jugés plus rentables, à commencer par l’assurance vie. Le signal est clair : l’argent ne se laisse plus endormir.

L’érosion brutale du Livret A : les chiffres d’un désamour

1,95 milliard d’euros retirés en septembre. Un record. La Caisse des dépôts n’avait pas enregistré une telle « décollecte » depuis la mise en place du prélèvement à la source en 2019. À l’époque, il s’agissait d’un ajustement conjoncturel. Aujourd’hui, c’est un désaveu stratégique.

Le taux du Livret A est passé de 3% à 2,4% en février 2025, puis à 1,7% en août. Résultat : les épargnants, lucides, cessent d’alimenter un placement qui ne suit plus ni l’inflation ni le coût de la vie.

Les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) subissent le même sort, avec une décollecte de 760 millions d’euros sur le seul mois de septembre. Ce retournement massif traduit une rupture de confiance.

À 1,7%, le Livret A est devenu un symbole de l’inefficacité face à l’inflation. Même les Livrets d’épargne populaire (LEP), pourtant plus protecteurs, ont vu leur encours chuter de 1,5 milliard d’euros depuis début 2025, notamment en raison des fermetures pour dépassement de plafond.

L’assurance vie en fonds euros : le refuge des déçus du Livret A

Pendant que les livrets se vident, l’assurance vie, elle, prospère. Au premier trimestre 2025, elle a collecté près de 50 milliards d’euros. Une dynamique inédite, portée par des taux de rendement redevenus compétitifs : 2,6% en moyenne pour les fonds euros selon l’ACPR.

Les chiffres sont implacables : 2 000 milliards d’euros d’encours, soit plus de trois fois le cumul du Livret A et du LDDS réunis. L’assurance vie, malgré une fiscalité moins douce, attire de nouveau.

Pourquoi ce retour en force ? D’abord, parce que les fonds euros offrent un rendement net souvent supérieur à l’inflation. Ensuite, parce qu’ils conservent l’avantage de la disponibilité et de la sécurité du capital. Enfin, la fiscalité devient réellement attractive après 8 ans de détention, avec des abattements annuels significatifs.

« Les clients reviennent vers nous avec une vraie demande d’arbitrage : ils veulent que leur épargne travaille à nouveau pour eux », confie un conseiller en gestion de patrimoine à Bordeaux.

👉 Comparez les meilleurs contrats d’assurance vie

Vers une réallocation structurelle de l’épargne des ménages

Ce que montrent les flux, c’est un changement profond de comportement. Les Français, longtemps attachés à la sécurité passive du Livret A, s’intéressent désormais aux performances.

Les SCPI, par exemple, offrent un rendement moyen de 4,72% sur l’année 2024. Malgré une liquidité plus faible, elles attirent les épargnants désireux de diversifier dans l’immobilier sans les contraintes d’un achat.

Autre gagnant : le Plan d’épargne en actions (PEA). Pour les profils acceptant une volatilité plus forte, cette enveloppe combine fiscalité avantageuse après 5 ans et potentiel de rendement élevé grâce aux ETF et aux actions européennes.

👉 Ouvrir un PEA avec Degiro

Le Compte-Titres Ordinaire (CTO), plus souple mais moins fiscalement optimisé, complète le tableau. Sa liberté d’allocation en fait un outil précieux pour ceux qui veulent s’exposer à des classes d’actifs plus variées ou internationales.

Faut-il enterrer les livrets réglementés ?

La réponse dépend du rôle que vous attribuez à votre épargne. Le Livret A, avec son taux net et sa liquidité immédiate, reste un bon outil pour l’épargne de précaution — mais plus pour la valorisation du capital.

Ce désamour marque surtout la fin d’une époque. Celle où il suffisait d’empiler les euros sur un produit d’État pour se sentir en sécurité. Aujourd’hui, la donne a changé : entre inflation et érosion monétaire, chaque euro qui dort perd en puissance réelle.

Les solutions existent. À condition d’être proactif. D’ouvrir les yeux. Et de se poser la vraie question : à quoi doit servir votre épargne ?

Et vous, avez-vous fait le choix de quitter le Livret A ? Où placez-vous désormais votre épargne ? Partagez votre stratégie et vos questions en commentaire !

En tant que jeune média indépendant, CESdeFrance a besoin de votre aide. Soutenez-nous en nous suivant et en nous ajoutant à vos favoris sur Google News. Merci !

Suivez-nous sur Google News

Laisser un commentaire

* Cesdefrance.fr est un média économique indépendant, dédié à l’analyse de l’actualité économique, financière et immobilière. L’accès à Cesdefrance.fr est gratuit et son modèle économique repose notamment sur la publicité et les partenariats stratégiques.