Primo-accédants : «On a gagné 40m² pour le même budget», leur nouvelle vie dans cette commune proche de Strasbourg que personne ne regarde

Julien et Sarah avaient un rêve simple : devenir propriétaires à Strasbourg. Avec 250 000 €, ils pensaient pouvoir s’installer confortablement. Mais la réalité du marché les a vite rattrapés. Aujourd’hui, ils vivent à Forstheim, dans une maison deux fois plus grande que ce qu’ils auraient pu s’offrir en ville. Et même s’ils ont dû faire une croix sur le tram et les brunchs improvisés, ils ne reviendraient en arrière pour rien au monde. Voici leur histoire.

Le rêve inaccessible : pourquoi acheter à Strasbourg est devenu un casse-tête

À Strasbourg, le prix moyen de l’immobilier atteint aujourd’hui environ 3 800 €/m². Un chiffre qui, pour les primo-accédants comme Julien et Sarah, limite sévèrement les ambitions. Avec leur budget de 250 000 €, les simulations étaient sans appel : difficile d’envisager plus de 65 m², souvent dans des résidences anciennes, sans balcon, ni extérieur, et avec des charges qui grignotent le pouvoir d’achat mois après mois.

Chaque visite finissait pareil : trop petit, trop sombre, trop de travaux. Ils ont même envisagé de louer encore un an, « le temps que les prix baissent ». Mais face à l’inflation et aux taux d’intérêt qui peinaient à se stabiliser, l’attente devenait synonyme de renoncement.

Leur agent immobilier a été clair : à moins de revoir leurs critères ou leur localisation, leur rêve de propriété allait rester une illusion.

Le déclic : « Et si on sacrifiait le tram pour un jardin ? »

Un soir, fatigués des visites infructueuses, Julien lance une recherche par carte. Et tombe sur Forstheim, à 45 km au nord de Strasbourg. Là, un bien attire immédiatement leur attention : 115 m², jardin, maison des années 2000, 245 000 €. Ils pensent d’abord à une arnaque.

Mais après vérification, les prix moyens y plafonnent autour de 2 010 €/m². Rien à voir avec Strasbourg. Le lendemain, ils prennent la voiture. En 48 minutes, ils découvrent un autre monde : calme, verdure, pas un bruit de circulation. La maison est bien réelle. Trois chambres, un salon traversant, un jardin de 300 m². Le genre de bien qu’ils pensaient hors de portée.

Ils rentrent à Strasbourg chamboulés. Pour la première fois, un achat semble possible. Et désirable.

« On a gagné 50m² et une nouvelle vie » : l’étude de cas chiffrée

Julien et Sarah signent deux semaines plus tard. 248 000 €, négociés avec un peu d’aide de leurs parents pour les frais de notaire. Ils emménagent à la fin du printemps.

Le gain de surface est immédiat : 115 m² habitables contre les 65 m² qu’ils espéraient à Strasbourg. Deux chambres supplémentaires, un bureau, un grand salon avec poêle à bois, un jardin pour leur chien. Le calme est un luxe qu’ils n’avaient jamais connu.

Mais tout n’est pas rose. Sarah met 50 minutes pour rejoindre son poste à Schiltigheim. Julien, lui, télétravaille partiellement, mais leur budget carburant a grimpé de 140 € par mois. Faire les courses demande de l’anticipation : supermarché à 12 minutes, pharmacie à 9.

Les sorties en ville sont plus rares. Plus de cinéma sur un coup de tête, plus de cafés entre amis le dimanche. « Il faut tout planifier », confie Sarah. Mais ils s’adaptent. Apéros chez eux, potager en projet. Une autre vie, moins spontanée, mais plus alignée avec leurs envies de long terme.

Forstheim n’est pas un cas isolé : 4 autres communes à fort potentiel pour les primo-accédants

La trajectoire de Julien et Sarah n’a rien d’un cas isolé. À 40-50 km autour de Strasbourg, plusieurs communes offrent un rapport prix/surface imbattable.

Uhrwiller, ultra-rural, affiche des prix encore plus bas (1 950 €/m²). On y trouve des maisons anciennes à rénover autour de 180 000 €. Calme absolu, mais voiture indispensable.

Ernolsheim-lès-Saverne combine campagne et accès rapide à l’A4. Moins de 30 minutes pour rejoindre Strasbourg en heure creuse. Idéal pour un quotidien équilibré.

Drachenbronn-Birlenbach, proche de la frontière, attire des profils transfrontaliers. Des biens atypiques (corps de ferme, maisons alsaciennes) s’y négocient autour de 2 100 €/m².

Lingolsheim, plus proche et mieux desservie par le train et le tram, séduit les urbains en mal d’espace. Les prix y restent raisonnables (environ 3 000 €/m²), pour des surfaces de 80-90 m² accessibles avec un petit jardin.

L’agent immobilier interrogé résume : « On voit de plus en plus de jeunes couples strasbourgeois arriver chez nous. Ils ont fait le deuil du ‘tout à pied’ pour s’offrir ce que la ville ne peut plus leur donner : de l’espace pour leur famille et leurs projets. »

Devenir propriétaire sans exploser son budget : et si la solution était ailleurs ?

Julien et Sarah n’ont pas seulement gagné 50 m². Ils ont gagné une nouvelle façon de vivre. Moins de sorties, certes. Mais plus de tranquillité, de lumière, de place pour respirer. Ils ont redéfini leurs priorités : mieux vivre, plutôt que vivre près de tout.

Alors oui, s’éloigner de Strasbourg impose des concessions. Mais pour ceux qui n’en peuvent plus des compromis étroits du marché urbain, la périphérie recèle des trésors oubliés.

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