Il devait révolutionner la consommation d’énergie, permettre aux ménages de mieux maîtriser leurs dépenses et favoriser une concurrence plus équitable entre les fournisseurs. Après une décennie de déploiement massif, le bilan est sans appel : le compteur intelligent n’a pas tenu ses promesses. Pire encore, ce sont les consommateurs qui en paient aujourd’hui le prix, tandis que le gestionnaire du réseau en tire les bénéfices.
Un projet conçu pour maximiser les profits
Dès le départ, l’objectif réel du compteur communicant n’a jamais été de faire baisser la facture des usagers, mais bien d’optimiser la gestion du réseau et de réduire les coûts d’exploitation. Le mécanisme de financement mis en place a permis d’étaler l’investissement initial pour éviter qu’il ne pèse sur les finances du gestionnaire. Résultat : ce sont les consommateurs qui ont remboursé les 4,6 milliards d’euros de l’opération, via une taxe intégrée à leur facture.
Alors que le compteur est désormais amorti, les économies réalisées grâce aux relevés à distance et à la suppression de milliers de postes techniques ne profitent toujours pas aux abonnés. Les gains restent captés par l’exploitant, tandis que les factures d’électricité continuent d’augmenter.
Aucune économie réelle pour les ménages
L’argument principal mis en avant lors du lancement du programme était la possibilité de suivre sa consommation en temps réel pour mieux la contrôler. Dans les faits, cet outil d’analyse n’a rien changé pour la majorité des foyers. Seules des actions concrètes comme l’isolation ou le remplacement d’appareils énergivores permettent une réduction significative des dépenses.
Les usagers ont rapidement compris que la simple consultation de leurs données ne se traduisait pas par une baisse immédiate de leur facture. La crise énergétique a même renforcé cette illusion : malgré une meilleure visibilité sur leur consommation, trois quarts des abonnés restent mensualisés et continuent de subir des régularisations parfois brutales.
Une liberté d’option sous pression
Officiellement, le compteur Linky n’est pas obligatoire. Pourtant, ceux qui ont refusé son installation se retrouvent désormais pénalisés financièrement, avec une facturation supplémentaire pour relevés manuels. Une stratégie qui s’apparente à une sanction déguisée pour forcer les derniers récalcitrants à s’équiper.
Les autres promesses d’évolution du marché de l’électricité, notamment l’apparition d’offres adaptées aux profils de consommation, n’ont jamais vu le jour. En dehors des tarifs heures pleines/heures creuses, les fournisseurs n’ont pas développé de solutions réellement innovantes. Face à l’explosion des prix de l’énergie, les Français privilégient les offres stables et prévisibles, rendant l’intérêt de ces nouveaux outils encore plus limité.
Loin d’être un progrès pour les consommateurs, cette modernisation du réseau s’est surtout révélée être une opération rentable pour son exploitant. Certains, face à ce constat, cherchent à contourner le système, allant même jusqu’à se demander s’il est possible de trafiquer un compteur Linky. Une réaction qui en dit long sur la perception d’un dispositif qui n’aura jamais été synonyme de gain pour ceux qui en ont financé l’installation.
Sources :
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