Les toits emblématiques en zinc des immeubles haussmanniens de Paris sont-ils des pièges à chaleur en ces temps de bouleversements climatiques ? Entre la préservation du patrimoine unique et la nécessité d'une adaptation énergétique, la Ville Lumière est à la croisée des chemins. Décryptage d'un enjeu parisien qui fait débat.
Entre patrimoine et transition énergétique : le dilemme parisien
Le débat fait rage dans la Ville Lumière. Les immeubles haussmanniens, ces symboles emblématiques de Paris, se retrouvent au cœur d'un enjeu crucial. Le défi ? Concilier la défense du patrimoine architectural avec l'impératif de transition énergétique. À ce jour, une infime partie de ces bâtiments ont bénéficié d'une mise à niveau énergétique. Le cœur du problème : l'aspect patrimonial et réglementaire de ces édifices.
Démagogie à l'état pure. Il faudrait regarder la consommation énergétique des bâtiments et la taille des logements. Forcément qu'il y aura des divergences. C'est pas comme si les riches chez eux s'amusent à péter les compteurs de gaz par plaisir. https://t.co/ANJw0Zpa7K
— Regelegorila (@regelegorila) October 2, 2022
Les couvreurs-zingueurs : champions du patrimoine mais pas de l'écologie ?
Depuis 2014, les couvreurs-zingueurs, artisans emblématiques de la capitale, se battent pour inscrire leur expertise au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Et si leur profession est enfin mise en lumière, leurs toits en zinc, caractéristiques du paysage parisien, seront aussi reconnus. Mais est-ce vraiment une victoire ? Comme le souligne Franck Lirzin dans son ouvrage Paris face au changement climatique, ces toits ne sont guère adaptés aux fortes chaleurs. Vincent Viguié du Cired renchérit :
“Ils deviennent un four lors des canicules”.
Bruno Bouchaud, architecte, partage cette vision : “C'est hors d'âge, obsolète”.
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Paris doit-elle se réinventer après Haussmann ?
L'enjeu est colossal pour la capitale, car le bâtiment est un secteur-clé dans la réduction des émissions de GES. Le gouvernement, conscient de cet enjeu, multiplie les incitations financières comme “MaPrimeRenov” et a récemment autorisé le déblocage des PEL pour financer la rénovation énergétique.
Néanmoins, Vincent Viguié et Bruno Bouchaud évoquent un “blocage culturel”. Ce dernier précise :
“Paris considère son patrimoine haussmannien comme une valeur immobile et intrinsèque”.
Pourtant, il y a des solutions possibles et même des innovations. Bouchaud suggère, par exemple, de végétaliser certaines parties du toit ou de couvrir le zinc pendant certaines périodes.
Les défenseurs du patrimoine contre la transition énergétique ?
Malgré la nécessité pressante d'agir, certains acteurs freinent les avancées, notamment la Commission du Vieux Paris et les architectes des Bâtiments de France (ABF). Bruno Bouchaud déplore leur “vision prudente, donc immobile”, face à l'urgence climatique. Simon Texier, de la Commission du Vieux Paris, met en avant l'importance d'approches sur mesure et respectueuses du patrimoine.
Une réglementation en mutation ?
Alexandre Florentin, conseiller de Paris, a pu mesurer le rapport de force entre les partisans d'un changement rapide face à l'urgence climatique et les gardiens du patrimoine. Une proposition issue de la mission “Paris à 50 degrés” suggère l'organisation d'une conférence avec toutes les parties prenantes pour définir un projet d'adaptation du bâti parisien. Une initiative saluée par tous : il est temps de dialoguer, d'expérimenter et d'agir concrètement.
Le financement, pierre angulaire de la rénovation
Le Haut conseil pour le climat reconnaît que les politiques actuelles ne suffisent pas à stimuler les rénovations nécessaires. Bruno Bouchaud plaide pour un véritable plan Marshall environnemental, davantage d'incitations fiscales, ou même la création d'une commission spécialisée. Car la question n'est pas seulement technique : elle est aussi financière. Le défi est immense, mais il est impératif d'agir.
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