Dans un monde en quête constante de progrès technologiques et d’efficacité énergétique, la France entreprend une nouvelle initiative audacieuse : la recharge des véhicules électriques en pleine course sur autoroute. Un défi considérable qui pourrait bouleverser notre perception de la mobilité électrique et amorcer un tournant majeur dans l’industrie automobile.
Un élan innovant vers des autoroutes électriques
Dès l’automne 2023, l’Hexagone entamera des essais sur diverses routes du pays afin de mettre à l’épreuve deux technologies prometteuses. Ces systèmes, dits de “routes électriques”, permettront aux véhicules électriques de rouler plus longtemps, sans s’arrêter pour recharger, et sans devoir transporter de lourdes batteries gourmandes en matériaux rares.
Ces technologies à l’étude promettent des avantages significatifs : une réduction de 62 à 71 % de l’autonomie nécessaire pour une utilisation normale des voitures, selon une étude de l’Université de Göteborg en Suède. Par conséquent, la taille des batteries pourrait être grandement diminuée, avec une conséquence directe : une demande réduite en métaux rares pour leur fabrication.
Les détails du projet
Sur l’autoroute A10 près de Paris, deux solutions seront mises à l’essai. L’une implique l’utilisation de bobines magnétiques sous le bitume, rechargeant les batteries par induction, semblable à la technologie employée pour les téléphones portables. L’autre repose sur l’introduction d’un rail au niveau de la chaussée, offrant la possibilité aux véhicules équipés de se connecter directement au sol.
Ces essais ambitieux se dérouleront sur une période de trois ans, avec un budget conséquent de 26 millions d’euros, financé grâce au plan France 2030. Le système d’induction est fourni par la startup israélienne Electreon, qui le teste depuis 2019.
Les premiers tests à venir
La première phase de ce projet novateur sera réalisée en septembre 2023 à Rouen sur une piste fermée du Cerema, un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique. Louis du Pasquier, responsable du projet chez Vinci, estime qu’il est nécessaire de “lever les dernières questions qui restent, avant de déployer ces technologies à grande échelle, sur des centaines ou des milliers de kilomètres”.
Par la suite, ces systèmes de recharge dynamique seront installés sur quatre kilomètres de la voie de droite de l’autoroute A10 dans le sens Paris-Orléans. Néanmoins, seul les véhicules compatibles pourront se connecter à ces «routes électriques».
Les défis à relever
Malgré les perspectives enthousiasmantes, des obstacles subsistent. Le coût élevé de l’induction et son faible rendement, ainsi que la durabilité limitée du rail, sont des défis à surmonter. De plus, une troisième solution, actuellement testée en Allemagne et consistant en des caténaires similaires à celles des tramways, n’est pas sans poser des problèmes de sécurité routière.
Patrick Pelata, ancien dirigeant de Renault, soutient ces innovations en déclarant qu’elles permettent «un excellent rendement énergétique, une alimentation continue qui ne dégrade pas les conditions d’exploitation des camions et une diminution significative de la taille des batteries des poids lourds faisant de longs trajets».
Si les obstacles techniques sont résolus, ces technologies pourraient bien être le fer de lance de la décarbonation du transport routier à longue distance, favorisant une transition plus rapide vers l’énergie électrique à mesure que celle-ci se décarbone en Europe.
L’expérience audacieuse de la France sur la recharge des véhicules électriques en mouvement est donc, sans aucun doute, un projet à suivre de près.
Ajoutez Cesdefrance.fr à votre liste de favoris pour ne manquer aucune news !