La question des rendez-vous médicaux non honorés refait surface, avec la proposition gouvernementale d’une “taxe lapin” visant à responsabiliser les patients. En Alsace, cette perspective suscite des réactions partagées tant chez les professionnels de santé que parmi les représentants des patients, révélant la complexité de la problématique.
Entre soutien et scepticisme, l’Alsace divisée
Le constat est alarmant : 27 millions de consultations médicales sont ignorées chaque année sur le territoire français, selon les données gouvernementales. Une statistique qui n’épargne pas l’Alsace où médecins et patients expriment des opinions divergentes face à la proposition d’une “taxe lapin” évoquée par le Premier ministre.
Du côté des soignants, le désarroi. Le quotidien du Dr Siffermann, généraliste à Strasbourg, illustre parfaitement le défi. Chaque jour, il est confronté à deux ou trois absences non signalées, principalement de personnes extérieures à sa patientèle habituelle. Pour ce médecin, la “taxe lapin” pourrait être une réponse, bien qu’elle ne résolve pas le souci plus large du manque de soignants. Cette opinion est partagée par Florent Herzog, médecin à Marckolsheim et représentant du syndicat MG France, pour qui la taxe n’aborde pas le cœur du problème d’accès aux soins.
“C’est une mesure anachronique et non appropriée”, rétorque Jean-Michel Meyer, président de France assos Santé dans le Grand-Est, soulignant l’absence de prise en compte des raisons pouvant justifier les absences. Angèle Ratsmann, de l’Udaf 67, appelle elle aussi à une analyse plus fine des causes avant d’envisager des sanctions.
Une mise en œuvre semée d’embûches
La complexité d’une sanction financière. Si l’idée de pénaliser financièrement les absences injustifiées peut sembler simple en théorie, sa mise en pratique s’annonce délicate. Le gouvernement, après avoir écarté une première proposition de taxe directement prélevée par l’Assurance maladie, explore d’autres voies sans pour autant trouver de consensus. Le rôle des plateformes de prise de rendez-vous, comme Doctolib, reste également à définir.
Les médecins, entre espoir et réalisme. Les professionnels de santé ne manquent pas d’idées, envisageant des solutions variées pour collecter et redistribuer la “taxe lapin”. Cependant, la question du montant de cette sanction est source de débats. Alors que certains médecins préconisent une pénalité équivalente au tarif de la consultation manquée, d’autres, à l’instar du gouvernement, envisagent une approche plus modérée.
Des obstacles juridiques et éthiques
Au-delà des aspects techniques et logistiques, la mise en place de la “taxe lapin” se heurte à des contraintes réglementaires. Modifier le code de la santé publique pour permettre le prélèvement d’honoraires sans prestation médicale effective représente un défi majeur. De plus, la question de la preuve de l’absence et de la gestion des contestations s’ajoute à la complexité du dispositif.
En conclusion, alors que le gouvernement et les acteurs du secteur de la santé explorent les modalités d’une “taxe lapin”, les débats en Alsace reflètent la diversité des perspectives et des enjeux liés à cette initiative. Entre les impératifs d’efficacité, d’équité et de faisabilité, la route vers une solution consensuelle s’annonce semée d’obstacles.
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