Le sort des véhicules parisiens équipés de vignettes Crit'Air 3 oscille tel un pendule en suspens. Après moult tergiversations, un vote décisif, portant sur le report de leur interdiction en journée dans la Zone à Faibles Émissions (ZFE) du Grand Paris, est fixé au 30 juin. Les élus, déchirés entre impératifs écologiques et réalités sociales, affûtent leurs arguments.
Un contexte électrique entre contraintes écologiques et préoccupations sociales
Un embargo sur les véhicules affublés de vignettes Crit'Air 3 devait entrer en vigueur le 1er juillet. Cependant, des obstacles de taille ont mis des bâtons dans les roues. Patrick Ollier, le président de la métropole du Grand Paris, avait évoqué un report à 2024 ou 2025 en raison d'un manque d'engagement de l'État sur un prêt à taux zéro et de l'absence de contrôle par caméras avant 2025. Les élus sont face à un dilemme délicat, coincés entre la nécessité de réduire la pollution atmosphérique et les défis socio-économiques associés à de telles restrictions.
Les partis politiques semblent en désaccord sur le report. Geoffroy Boulard, maire LR du XVIIe arrondissement, plaide pour un report en raison des difficultés socio-économiques rencontrées par les ménages pour acquérir des véhicules moins polluants. En revanche, Sylvain Raifaud, conseiller EELV de Paris, argue que la date proposée est trop lointaine étant donné l'impact de la pollution sur la santé publique à Paris, qui enregistre 7 900 décès prématurés par an en raison de la qualité de l'air. Il préconise 2024 comme date pour interdire les vignettes Crit'Air 3 et propose une période pédagogique pour informer et faciliter la transition vers des moyens de transport plus durables.
Les ZFE sous le feu des projecteurs
Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) sont sous le feu croisé des critiques et controverses. Un rapport récent du Sénat préconise d'assouplir le calendrier national des ZFE, en reportant l'interdiction des vignettes Crit'Air 3 à 2030. Les ZFE du Grand Paris sont particulièrement ambitieuses, envisageant également l'interdiction des véhicules avec vignettes Crit'Air 2 et 1 à court terme. Cette rigueur soulève des tempêtes de contestations parmi les citoyens et certains élus, mettant en lumière la tension entre les aspirations environnementales et les réalités pratiques.
Le rôle d'Île-de-France Mobilités
Dans ce tumulte, Île-de-France Mobilités, l'autorité des transports, se retrouve dans le collimateur de plusieurs acteurs. Accusée de ne pas en faire assez pour soutenir les ZFE, l'autorité est appelée à jouer un rôle central dans la facilitation des alternatives de transport durable pour les résidents touchés par les restrictions de circulation.
Le 30 juin s'annonce comme un jour charnière où les vents pourraient changer de direction. La tempête sur les vignettes Crit'Air à Paris sera soit apaisée par un consensus pragmatique, soit exacerbée par des décisions clivantes. Les Parisiens, les véhicules et l'environnement sont en attente du verdict des élus.
